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Le métro, médiateur culturel

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   Métro dans les Beaux-Arts, art populaire et arts ludiques

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Le métro a longtemps été un fantasme de la modernité du XIXème siècle, pourtant toujours confronté à la morne utilisation quotidienne des usagers. Cette dualité en fait un sujet propice à l’appropriation artistique : ce métro mystérieux, utilisé par les marginaux, sert de cadre à des films, des bandes dessinées, mais devient aussi le sujet de nombreuses chansons. Les photographes aiment saisir l’impromptu, dans ce lieu où se croisent les différentes classes sociales. Il questionne le public sur la frontière entre la création et la dégradation en raison de l’utilisation des rames et tunnels comme support du street art.

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   Design du métro et de ses stations parisiennes

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Nous ne regardons même plus le métro que nous prenons tous les jours. Et pourtant celui-ci pourrait s’apparenter à une œuvre d’art totale (selon le concept allemand de Gesamtkunstwerk) si l’on considère la décoration originelle des espaces, leur conception, le fonctionnalisme du mobilier, et l'ouvrage en lui-même en tant que prouesse technique et technologique.

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Du temps de la CMP, la première entreprise de construction du métro, le corps architectural des entrées de stations conçues par l'architecte et artiste décorateur, Hector Guimard (1867-1942) dans le cadre de l’Exposition Universelle de 1900, répondaient aux sinuosités de l'Art Nouveau. Par la suite, avec la mainmise de la RATP sur le transport souterrain de Paris, les stations sont habillées en fonction des tendances stylistiques de la période : carreaux de faïence, éclairages de couleur, sièges coques de style Andreu-Motte. Les dernières lignes font preuve de modernité, avec un dessin plus élancé, dans lequel on pourrait voir une reprise du design des voitures de course, confié à de grandes maisons architecturales.

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Le design du véhicule est prévu quant à lui, pour être le plus confortable possible avec de larges fenêtres, de grandes ouvertures et des tissus colorés. C’est un art utile et technique qui est développé par la RATP, fait au service des usagers.

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   Les expositions organisées par la RATP 

 


D'aucuns céderaient volontiers un rôle de médiateur culturel au métro parisien : comment pourrions-nous l'ignorer lorsqu'en cédant le pas à la foule, nous nous retrouvons tantôt plongés dans les collections du Louvre à la station éponyme, tantôt pris dans les affres de la Révolution Française à la station Bastille, exposée avec toute la minutie dont purent faire preuve les trois artistes mobilisés à cet effet pour le bicentenaire en 1989.

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Plus récemment, en 2015, à l'instar d’autres établissements culturels, la RATP a invité le photographe américain Bruce Gilden à exposer ses clichés dans près de seize stations et gares de son réseau. De même la station Hôtel de Ville sert d'écrin au ravissant sourire d'Audrey Hepburn dans le cadre de l'exposition photographique signée par Richard Avedon depuis le 28 octobre 2016 : ce sont quarante-quatre clichés qui ont été exposés au travers de onze stations, dont trente qui sont exclusivement présentés par la RATP ; en outre, ladite exposition revêt un caractère inédit, puisque l'artiste portraitiste américain conjugue son travail pour la première fois à un réseau de transports. Cette neuvième édition de « La RATP invite » répond aux objectifs de l'entreprise, qui souhaite « enrichir toujours plus l'expérience de transport de ses voyageurs en leur offrant des moments de surprise, de découverte et d'échanges » (communiqué de presse, 12/10/2016). Tous ces exemples témoignent du rôle joué par les transports dans l'accessibilité à la culture et, de manière générale, dans sa diffusion : le métro parisien sert indéniablement d'interface entre le public et les œuvres d'artistes qu'il expose, bien que le caractère commercial ne soit pas à négliger.

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   Le métro, un nouveau moyen de connaître l'actualité culturelle ?

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La RATP propose, depuis sa création, des espaces pour l’affichage publicitaire qui est largement utilisé par les différents musées, fondations ou villes qui s’en servent pour proposer leur actualité culturelle. La plupart des parisiens passent un certain nombre d’heures dans le métro, environ 1h30 selon des statistiques : les espaces publicitaires mettent ceci à profit pour présenter les dernières expositions temporaires, les événements exceptionnels comme « Hermès hors les murs » au carreau du Temple, par exemple. C’est aussi un moyen pour les châteaux présents autour de Paris de se faire un peu de publicité, avec souvent la mise en avant du temps rapide d’accès depuis la capitale. De plus, à partir du mois de mars les espaces publicitaires commencent à être occupés par les régions. En effet, celles-ci souhaitent promouvoir leur proximité avec la capitale et bien souvent cela passe par la mise en avant de leur patrimoine historique ou culturel.

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Les affiches publicitaires de la RATP proposent aussi une autre communication de l’actualité culturelle : c’est l’un des moyens choisis par les artistes, producteurs de cinéma, de concerts ou encore de festivals, d’attirer l’œil du public. La plupart des artistes proposent ainsi une affiche pour les couloirs de la RATP lors de la sortie d’un nouvel album. C’est aussi le cas pour les nouveautés cinématographiques, la plupart des films qui sortent chaque semaine organisant leur publicité dans les couloirs du métro. Il y a même aujourd’hui des panneaux interactifs diffusant des extraits de films à sortir. Ces espaces proposent aussi des affiches pour des événements présents dans la capitale comme les pièces de théâtre, les spectacles de comiques ou encore les festivals musicaux.

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Si les publicitaires et les services de communication culturelle ont compris cette efficacité auprès du public, les artistes aussi. En effet, le métro parisien est aussi connu pour ses artistes musicaux qui se produisent dans les couloirs, après avoir effectué un casting via la RATP, espérant conquérir les passants.

Strapontins du métro (photo : Célia Corbet)
Station Arts et Métiers sur la ligne 11 (En haut : photo de Hadonos ; gauche : photo de Clicsouris ; droite : photo de Clicsouris)
Station Arts et Métiers sur la ligne 11 (En haut : photo de Hadonos ; gauche : photo de Clicsouris ; droite : photo de Clicsouris)
Station Arts et Métiers sur la ligne 11 (En haut : photo de Hadonos ; gauche : photo de Clicsouris ; droite : photo de Clicsouris)

Station Arts et Métiers sur la ligne 11 (En haut : photo de Hadonos ; gauche : photo de Clicsouris ; droite : photo de Clicsouris)

Strapontins du métro (photo : Célia Corbet)

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